26 faits surprenants sur l’Himalaya
Des sommets fascinants
Depuis des millénaires, l’Himalaya exerce une fascination universelle. Cette chaîne mythique, qui rassemble la plupart des plus hauts sommets de la planète, renferme d’immenses glaciers et une biodiversité d’une richesse exceptionnelle, soit autant de trésors qui lui valent une renommée mondiale. Et pourtant, elle n’a pas encore livré tous ses secrets.
Partez à la découverte de l’Himalaya entre passé fascinant, climat extrême et enjeux actuels.
Adaptation française par Aurélie Blain
Un peu de géographie
L’Himalaya s’étire sur près de 2 500 kilomètres, du Nanga Parbat, dans le Cachemire sous administration pakistanaise, jusqu’au Namcha Barwa, au Tibet.
Cette immense chaîne montagneuse qui couvre environ 595 000 km² s’étend principalement sur l’Inde, le Népal et le Bhoutan, ainsi qu'une partie de la Chine et du Pakistan.
Le plus haut d'entre eux
Du haut de ses 8 849 mètres d’altitude, le mont Everest est tout simplement le plus haut sommet du monde.
À la frontière du Népal et du Tibet, il se pare de noms sacrés : Sagarmatha en sanskrit, « sommet du ciel », et Chomolungma en tibétain, « déesse de la vallée ». Il a été baptisé Everest en 1865, en hommage au géographe britannique George Everest.
Le troisième plus haut sommet du monde
Avec ses 8 586 mètres d’altitude, le Kangchenjunga est la troisième plus haute montagne de la planète.
Situé à l’est de la chaîne himalayenne, à la frontière entre le Népal et l’Inde, ce sommet est moins élevé que l’Everest, mais réputé bien plus périlleux car il reste largement méconnu. Chaque année, seuls 20 à 25 alpinistes tentent d’en atteindre le sommet, contre 300 à 350 pour l’Everest.
... et le suivant
Des montagnes, mais pas que
Avec les chaînes de l’Hindou Kouch et du Karakoram, l’Himalaya forme le troisième plus grand réservoir de glace et de neige au monde. Ses glaciers monumentaux nourrissent des fleuves essentiels comme l’Indus, le Gange (visible ici en photo) ou encore le Brahmapoutre, qui assurent l’approvisionnement en eau douce de plus de 750 millions de personnes.
Mais aujourd’hui, ces géants de glace sont en danger : le changement climatique accélère leur fonte, un phénomène que nous explorerons plus en détail un peu plus loin.
Premiers habitants
Longtemps, les scientifiques ont cru que les montagnes du plateau tibétain n’avaient été peuplées durablement qu’il y a 2 500 ans.
Pourtant, les empreintes humaines découvertes à Chusang (visible ici), à 4 200 mètres d’altitude, racontent une autre histoire : celle d’une présence permanente vieille de 7 400 à 12 600 ans.
La vie dans l'Himalaya
Aujourd’hui, l’Himalaya abrite une grande diversité de peuples. De manière générale, les Tibétains et les locuteurs des langues tibéto-birmanes occupent la partie la plus septentrionale de la chaîne, tandis que les locuteurs des langues indo-européennes résident dans les régions centrale et méridionale.
Sur cette photo, des jeunes filles du peuple Tamang, dont la population est estimée à plus de 1,6 million de personnes.
Les premières expéditions vers le toit du monde
Avec son isolement extrême, son altitude vertigineuse et des conditions climatiques redoutables, le mont Everest a longtemps constituté l’un des plus grands défis de l’alpinisme.
La première grande tentative d’ascension de l’Everest a lieu en 1921. Dirigée par un groupe d’officiers britanniques, d’explorateurs et de géomètres réunis par le Mount Everest Committee, l’expédition est mal préparée à l’altitude et l’un des membres meurt d’une insuffisance cardiaque. Le sommet, lui, reste inviolé.
Cette tentative permet toutefois de repérer un itinéraire prometteur pour celles qui suivront. Sur cette photo, on aperçoit des membres de l’expédition britannique de 1936, forcés de battre en retraite en raison du mauvais temps.
Un vol historique
En 1933, plusieurs tentatives d’ascension de l’Everest s’étaient déjà soldées par des échecs. Mais le 3 avril, deux pilotes écossais, le lieutenant David McIntyre et Douglas Douglas-Hamilton, entrent dans l’histoire en devenant les premiers à survoler le sommet mythique.
Volant à une altitude jamais atteinte jusqu’alors, ils parviennent à capturer des images précieuses, qui seront étudiées vingt ans plus tard par l’alpiniste et médecin Michael Ward lors de la célèbre expédition victorieuse de 1953.
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Une ascension qui a marqué les esprits
Le 29 mai 1953, l'alpiniste néo-zélandais Edmund Hillary et le sherpa népalais Tenzing Norgay sont les premiers à atteindre le sommet mythique de l’Everest. Ils font alors partie d’une expédition britannique financée par la Royal Geographical Society.
Quelques jours plus tôt, deux membres de l’équipe, Charles Evans et Tom Bourdillon, étaient parvenus à seulement 91 mètres du sommet, avant de devoir renoncer en raison d’une panne d’oxygène. L’annonce de l’exploit de Hillary et Norgay, relayée dans le monde entier le 2 juin 1953, confère à leur ascension une portée historique, coïncidant symboliquement avec le couronnement de la reine Elizabeth II.
Trois autres expéditions
Après le succès de l’équipe britannique, les Suisses sont les suivants à conquérir le sommet de l’Everest, le 23 mai 1956. Le 1ᵉʳ mai 1963, James W. Whittaker et Nawang Gombu (neveu de Tenzing Norgay) atteignent à leur tour le sommet, cette fois dans le cadre d’une expédition américaine (en photo).
Au-delà de l’exploit sportif, l’expédition vise aussi à étudier les effets de l’extrême altitude et du manque d’oxygène sur le corps humain. En 1965, l’Inde devient le quatrième pays à réussir l’ascension de l’Everest, avec neuf alpinistes atteignant le sommet cette année-là.
On peut même y courir un marathon...
Plutôt que de viser le sommet, Diana Penny-Sherpani imagine en 1987 un autre exploit : le tout premier marathon autour de l’Everest. Malgré les mises en garde du corps médical, l’événement est un véritable succès : 45 athlètes venus de cinq pays prennent le départ à Gorak Shep (5212 m d’altitude), pour rejoindre Namche Bazaar (3 444 m).
Ce marathon, depuis devenu un rendez-vous annuel, détient aujourd’hui le record Guinness du marathon le plus haut du monde.
Les meilleurs grimpeurs ?
Aujourd’hui, des centaines de personnes gravissent l’Everest chaque année. Mais sans les sherpas, une telle aventure serait tout simplement impossible.
À l’origine, le terme désigne un groupe ethnique tibétain installé dans l’Himalaya. Or, comme nombre d’entre eux exercent le métier de guide de haute montagne, le mot « sherpa » est aussi devenu synonyme de cette fonction.
Grâce à leur adaptation naturelle à l’altitude, les sherpas résistent bien mieux aux conditions extrêmes que les alpinistes étrangers. Véritables piliers des expéditions, ils ouvrent la voie en repérant les itinéraires les plus sûrs et transportent l’équipement essentiel (oxygène, nourriture, eau) jusqu’aux plus hauts camps du massif.
Les gardiens de l'Everest
En plus de veiller au bon déroulement des expéditions, les sherpas s’occupent aussi de ramasser les déchets laissés sur la montagne, une tâche souvent colossale.
En tibétain, l’Everest est appelé Chomolungma, ce qui signifie « déesse mère du monde » ou « déesse de la vallée ». Selon les croyances, son sommet abriterait la déesse bouddhiste Miyolangsangma.
L’augmentation du nombre de grimpeurs ces dernières années inquiète les sherpas, confrontés à une charge de travail accrue et à la dégradation d’un site qu’ils considèrent comme sacré.
Une saison mortelle
La section la plus dangereuse de l’ascension de l’Everest est la cascade de glace du Khumbu, un passage abrupt situé en amont du glacier du même nom. Avalanches fréquentes, crevasses instables, blocs de glace en mouvement constant... Le danger y est omniprésent. Chaque année, ce tronçon est sécurisé par les sherpas, qui y installent cordes fixes et échelles pour permettre aux alpinistes de progresser.
Le 18 avril 2014, la montagne est frappée par une tragédie : un séisme de magnitude 7,9 déclenche une avalanche meurtrière dans la cascade de glace, emportant la vie de 16 sherpas alors qu’ils étaient en pleine préparation de la voie. Ce drame a provoqué une vague d’indignation et ravivé les revendications pour de meilleures conditions de travail et davantage de reconnaissance. Les sherpas représentent à eux seuls près d’un tiers des victimes recensées sur l’Everest.
Un séisme dévastateur
À la frontière entre les plaques tectoniques indo-australienne et eurasienne, l’Himalaya est l’une des régions les plus sismiquement actives de la planète. Pourtant, les tremblements de terre y restent relativement rares, ce qui a rendu les événements de 2015 d’autant plus choquants.
Le 25 avril, un séisme de magnitude 7,8 secoue violemment la région. Il frappe l’est et le centre du Népal, mais aussi certaines zones de l’Inde, du Tibet, du Bangladesh et du Bhoutan. La catastrophe a fait 9 000 victimes, dont au moins 19 alpinistes tués par une avalanche sur l’Everest.
Tensions frontalières
La frontière de 3 440 km entre la Chine et l’Inde, qui traverse l’Himalaya, fait l’objet d’un différend de longue date. Depuis les années 1950, les deux pays s’opposent sur son tracé, une tension qui a conduit à une guerre en 1962.
Un accord signé en 1996 interdit l’usage d’explosifs et d’armes à feu le long de la ligne de démarcation, mais les tensions ont ressurgi en janvier 2020. Elles ont culminé en juin par un affrontement meurtrier dans la vallée de Galwan, où au moins 20 soldats indiens et un nombre indéterminé de Chinois ont trouvé la mort.
Un « face-à-face mineur » a eu lieu en janvier 2021, selon l’armée indienne, mais les autorités des deux pays sont restées discrètes sur les détails de l’incident.
Un sommet inaccessible
Avec ses 6 993 mètres d’altitude, le Machapuchare ne rivalise peut-être pas avec les plus hauts sommets de l’Himalaya, même s’il est sans doute le plus insaisissable de tous. Située dans le centre-nord du Népal, cette montagne spectaculaire dont le sommet évoque une queue de poisson n’a jamais été gravie.
En 1957, l’officier britannique Jimmy Roberts tente son ascension avant de devoir faire demi-tour en raison du mauvais temps. Il demande ensuite au gouvernement népalais d’interdire toute ascension de ce sommet, une mesure encore en vigueur aujourd’hui.
Le Machapuchare est également sacré pour le peuple Gurung, établi dans le village de Chomrong, tout proche.
Le chaos du changement climatique
Depuis toujours, les glaciers de l’Himalaya portent en eux des dangers silencieux entre crues soudaines, avalanches ou encore glissements de terrain. Pourtant, ces phénomènes pourraient devenir plus meurtriers et plus fréquents en raison du changement climatique, qui accélère la fonte des glaciers.
En février 2021, la rupture d’un pan de glacier dans l’Uttarakhand, sur les pentes sud de l’Himalaya indien, a déclenché une crue soudaine aux conséquences dramatiques, faisant plus de 70 victimes.
Des glaciers artificiels pour résoudre la crise
Les crues soudaines ne sont pas le seul défi auquel l’Himalaya est confronté. Le Ladakh, dans l’Himalaya indien, est l’une des régions les plus arides de la planète. Ce territoire connaît depuis quelques années des pénuries d’eau particulièrement sévères au printemps, notamment en avril et en mai.
Pour y faire face, des scientifiques ont mis au point des glaciers artificiels appelés « stupas », capables de stocker l’eau en hiver et de la restituer lentement aux villages environnants lorsque les besoins se font sentir.
Cette solution innovante imaginée en 2013 par l’ingénieur indien Sonam Wangchuk a ensuite été perfectionnée par des chercheurs de l’université d’Aberdeen.
Record au féminin
En mai 2024, la Népalaise Phunjo Lama a établi un nouveau record du monde féminin d’ascension de l’Everest. Elle a relié le camp de base au sommet, aller-retour, en seulement 24 heures et 26 minutes, et ce, sans dormir.
Elle reprend ainsi un record qu’elle avait déjà détenu, avant d’être battue en 2021 par l’enseignante hongkongaise Tsang Yin-hung. Cette fois, elle a accompli l’ascension en moins de 15 heures.
En partant de nuit, Phunjo Lama a pu éviter les longues files d’attente qui ralentissent souvent la progression sur la montagne.
Diversité dans l'alpinisme
Bien que la première équipe américaine ait atteint le sommet de l’Everest en 1963, il a fallu attendre plus de quarante ans pour qu’un alpiniste noir accomplisse cet exploit.
Ce retard illustre un manque de diversité plus général dans le monde de l’alpinisme. En 2022, l’expédition Full Circle a marqué un tournant historique en devenant la première équipe entièrement noire à gravir le plus haut sommet du monde. Sous la direction de l’alpiniste Phil Henderson, les neuf membres de l’équipe espèrent que leur réussite inspirera davantage d’Afro-Américains à se tourner vers,les activités de plein air.
Embouteillages au sommet
L’essor des expéditions sur l’Everest a entraîné une surfréquentation du sommet. Pendant la courte fenêtre météo propice à l’ascension, de longues files d’attente se forment désormais régulièrement. Ce phénomène est aggravé par la présence de grimpeurs peu aguerris, qui freinent la progression des autres.
Face à ces embouteillages dangereux, de nombreux sherpas réclament des restrictions plus contraignantes pour les agences de trekking ainsi qu’une réduction du nombre de grimpeurs afin de garantir une ascension plus sûre.
Déplacement du camp de base
En juin 2022, le gouvernement népalais a annoncé vouloir déplacer le camp de base de l’Everest vers une zone située à plus basse altitude, l'emplacement actuel étant fragilisé par la fonte des glaces. Le glacier du Khumbu, sur lequel repose le camp, fond de plus en plus rapidement sous l’effet du changement climatique, ce qui provoque l’apparition de crevasses qui rendent le terrain instable et dangereux.
Ce projet ambitieux prévoyait de transférer le camp, actuellement situé à 5 364 mètres d’altitude, vers un emplacement situé à environ 300 mètres en contrebas. Cependant, face à l’opposition de la communauté sherpa et des acteurs de l’alpinisme, le projet a finalement été abandonné.
Le plus jeune grimpeur
En mai 2010, Jordan Romero est devenu la plus jeune personne à atteindre le sommet de l’Everest, à seulement 13 ans, 10 mois et 10 jours.
Son exploit est d’autant plus remarquable qu’il s’inscrivait dans un projet ambitieux : réaliser l’ascension des « Seven Summits », un célèbre défi consistant à gravir le point culminant de chaque continent.
Tout est parti d’une fresque murale, aperçue à l’âge de neuf ans, qui a allumé en lui le rêve des sommets.
Les défis à venir
Par sa beauté légendaire, l’Himalaya continue de faire rêver bien au-delà de ses frontières.
Mais la région est confrontée à des défis majeurs. Selon un rapport de 2019, elle se réchauffe plus vite que le reste du globe, entraînant un recul rapide des glaciers, la fonte du pergélisol et des conditions météorologiques de plus en plus imprévisibles.
La sécurité des alpinistes et des sherpas sur l’Everest reste aussi une préoccupation centrale. En mai 2024, la Cour suprême du Népal a ordonné au gouvernement de limiter le nombre de permis d’ascension délivrés pour l’Everest et d’autres sommets.
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