Drew Binsky, le célèbre YouTubeur spécialisé dans les voyages, s’est rendu dans tous les pays du monde, captivant des millions d’internautes avec ses contenus divertissants et informatifs qui cumulent plus de cinq milliards de vues. Il vient de publier un livre intitulé Just Go, dans lequel il partage des récits et conseils uniques à destination des futurs globe-trotteurs.

Découvrez le parcours exceptionnel de Drew, les hauts et les bas de son incroyable périple ainsi que les leçons qu’il a apprises en chemin…​

Adaptation française par Aurélie Blain

Drew Binsky grandit aux États-Unis, en Arizona, où rien ne laisse présager qu’il deviendra l’un des plus célèbres YouTubeurs dans le domaine des voyages. Il étudie l’économie et l’entrepreneuriat à l’Université du Wisconsin-Madison, mais c’est lors d’un semestre en République tchèque (voir photo) que sa vie prend un tout autre tournant. « Après avoir vécu en Europe et visité plus de 20 pays, j’ai su que je voulais faire carrière dans le voyage », explique Drew. Aujourd’hui, il a bâti une communauté en ligne rassemblant plus de 10 millions d’abonnés, et ses vidéos ont été visionnées plus de cinq milliards de fois.

Un mois après avoir obtenu son diplôme, Drew se retrouve à enseigner l’anglais en Corée du Sud. « Je savais que je ne voulais pas être professeur, explique-t-il dans son livre Just Go, mais que ça m’ouvrirait des portes pour me lancer ». Pendant les 18 mois qu’il passe en Corée, Drew crée son premier blog de voyage, The Hungry Partier. Il y documente ses folles expériences noctambules à travers le monde, attirant rapidement plus de 150 000 lecteurs par mois.

The Hungry Partier rencontre un certain succès, mais Drew se rend compte que ce blog ne reflète pas vraiment qui il est, ni ce qu’il aime réellement faire ou voir lors de ses voyages. Il en prend conscience sur le toit-terrasse d’une auberge de jeunesse à Jaisalmer, en Inde (voir photo). « Alors que je travaillais en contemplant la magnifique forteresse de la ville, vieille de 860 ans, j’ai soudain réalisé quelque chose : plus je produisais de contenu, moins le thème de la fête m’intéressait », explique-t-il. À cet instant, Drew décide de se consacrer aux personnes, aux cultures et aux communautés qu’il rencontre.

C’est un circuit de trois jours en Corée du Nord en 2017 qui fait décoller la carrière de Drew sur les réseaux sociaux. La vidéo qu’il réalise au cours de ce voyage, filmée avec un simple appareil photo offert par sa petite amie, devient rapidement virale, enregistrant près de 10 millions de vues sur Facebook. Devant ce succès, Drew décide de produire davantage de contenu pour YouTube et Facebook. Sa mère, en revanche, est loin d’être enchantée par ce voyage : lorsqu’il l’appelle pour lui annoncer qu’il vient de visiter la Corée du Nord, elle lui raccroche au nez.

L’idée de visiter tous les pays du monde vient à Drew pendant son séjour en Corée du Sud. Il y découvre notamment des blogs rédigés par d’autres voyageurs lancés dans l’aventure. « J’ai été particulièrement inspiré par Lee Abbamonte, raconte Drew. On l’appelle le Marco Polo moderne. Il avait visité tous les pays du monde avant ses 31 ans ». Drew avait alors 23 ans et déjà visité 40 pays. « Je me suis dit : pourquoi pas moi ? Ce serait amusant », ajoute-t-il.

Le premier défi est de définir précisément combien de pays le monde compte réellement. Bien que ce sujet soit complexe, controversé et en constante évolution, Drew choisit de fixer ce nombre à 197. « J’ai obtenu ce chiffre en ajoutant aux 193 États membres de l’ONU, Taïwan, la Palestine, le Kosovo et la Cité du Vatican, explique-t-il dans son livre Just Go. Parmi tous les pays non reconnus, j’ai choisi ces quatre-là car ils remplissaient le plus de critères pour être considérés comme des États indépendants : un gouvernement, une monnaie, un passeport, un drapeau et une culture propre ».

Drew ne compte pas se contenter d’une courte escale dans chaque pays, uniquement pour les rayer de sa liste. « Je voulais passer du temps dans chacun des 197 pays identifiés, explique-t-il. Je souhaitais m’imprégner de la culture, rencontrer les habitants et comprendre la beauté et la complexité de chaque État visité ». Il encourage d’ailleurs les autres voyageurs à adopter cette approche. « Voyager, ce n’est pas seulement voir le monde, affirme-t-il. C’est en faire partie ».

Drew met un peu plus de 10 ans pour visiter tous les pays de sa liste. Dans une vidéo tournée juste après avoir terminé son voyage, il résume les moments forts ou difficiles et les innombrables périples entrepris. « En 10 ans, j’ai pris 1 458 vols, j’ai voyagé dans 1 117 bus et trains, et j’ai réalisé 1 241 vidéos », partage-t-il. À cela s’ajoutent de nombreux trajets à dos de chameau, en montgolfière, ou encore dans des minibus délabrés et des tuk-tuks, comme sur cette photo prise lors de son voyage au Pakistan.

En 2019, sa liste est achevée à 99 % et il ne lui reste plus que six pays à visiter. Cependant, le projet s’arrête brutalement : la pandémie de COVID-19 frappe alors et paralyse le monde entier. « Après des années passées à sauter d’un avion à l’autre et à parcourir le monde, je ne pouvais plus aller nulle part, raconte Drew. Ce fut la pire période de ma vie. On me disait que tout était bloqué, que je ne pouvais plus voyager ». Lorsque les frontières rouvrent progressivement fin 2020 et tout au long de 2021, Drew reprend ses aventures, comme ici, en vol vers le Kurdistan irakien.

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Au fil de ses incroyables voyages, Drew décroche deux records du monde Guinness, bien qu’aucun ne soit lié au nombre de pays qu’il a visités. Le premier record récompense le plus grand nombre de sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO visités en 24 heures : en 2016, Drew parcourt en effet 12 sites entre l’Allemagne et les Pays-Bas, un record qu’il conserve jusqu’en 2021. Le second le consacre en 2017 à Los Angeles comme le plus rapide au monde pour faire une valise : seulement 36,59 secondes pour préparer un sac de taille moyenne.

L’obtention des visas pour la Libye, la Syrie et le Venezuela ont été de sacrés défis pour Drew. « J’ai dû supplier les employés des ambassades, se remémore-t-il. J’ai essentiellement dû convaincre les consuls que j’allais revenir vivant ! » Mais même une fois le visa en poche, d’autres problèmes peuvent survenir. Par exemple, alors qu’il venait d’obtenir aux Philippines le sésame indispensable pour se rendre au Venezuela, la pandémie de COVID-19 a poussé le pays à fermer ses frontières pour 11 mois. Le visa de Drew n’étant valable que 12 mois, il a été contraint de réserver le premier vol commercial vers Caracas dès la réouverture des frontières, le conduisant à être le seul touriste présent sur place.

Les voyages à travers les pays d’Afrique centrale se sont révélés particulièrement compliqués pour Drew. « C’est très dangereux, confie-t-il à loveEXPLORING. Les gens peuvent être agressifs, il n’y a pas de sites touristiques, les infrastructures sont médiocres et les rares hôtels disponibles sont hors de prix ». À cela s’est ajouté un épisode rocambolesque où il s’est retrouvé impliqué dans une course-poursuite avec la police, au Tchad. « Il s’est avéré que mon chauffeur de taxi- moto venait de voler la moto avec laquelle nous roulions, raconte-t-il, ça a été le moment le plus effrayant de toute ma vie ».

D’après Drew, il s’agit de la question qu’on lui pose le plus souvent, mais aussi celle à laquelle il a le plus de mal à répondre. Bien qu’il ait été séduit par la majorité des pays qu’il a visités, s’il devait vraiment choisir, il opterait pour ces cinq destinations : l’Afghanistan, les Philippines, le Vietnam, le Mexique et l’Iran. Beaucoup pourraient être étonnés de voir figurer des pays politiquement complexes comme l’Afghanistan et l’Iran parmi ses préférés, mais Drew souligne que les gouvernements ne représentent que rarement les habitants. « Je suis toujours profondément touché par la gentillesse des gens dans cette partie du monde ».

Sans hésiter : la Namibie. « C’est le seul endroit où j’ai vu des dunes de sable se jeter directement dans l’océan, explique-t-il. Et le pays est incroyablement vide, il se classe juste après la Mongolie en termes de densité de population, si je ne me trompe pas. C’est une destination parfaite pour un road trip dans de grands espaces ».

Le 29 octobre 2021, à 1 h 30 du matin (heure locale), Drew pose le pied dans son 197ᵉ et dernier pays : l’Arabie saoudite. Drew, radieux, retransmet le moment en direct sur YouTube et déclare : « J’en tremble littéralement. C’est un moment tellement irréel ». Drew remercie sa famille et ses abonnés pour leur soutien, avant de secouer la tête avec émotion en déclarant : « Je n’arrive pas à le croire, je peux désormais dire que j’ai visité tous les pays du monde ! » Il a même évoqué l’idée de se faire tatouer le chiffre 197 pour marquer l’événement.

Lorsque Drew a terminé son périple, il faisait partie des 225 personnes dans le monde à avoir visité tous les pays du globe. Le club des globe-trotters comprend aujourd’hui environ 400 membres, mais ce chiffre reste bien en deçà du nombre de personnes ayant voyagé dans l’espace : près de 700, selon la Space Foundation. Lors d’une récente séance de questions-réponses sur YouTube, on a demandé à Drew s’il envisagerait de se rendre dans l’espace. Il a répondu sans hésitation : « Dès que je pourrai monter dans une navette, comptez sur moi ».

Le lendemain de son arrivée à Djeddah, en Arabie saoudite, Drew a passé la journée dans sa chambre d’hôtel à répondre à des interviews. Des médias du monde entier, tels que CNBC, Bloomberg, ABC News et The Morning Show, étaient désireux de découvrir les enseignements qu'il avait tirés de son incroyable aventure. Cet engouement l’a incité à écrire un livre : intitulé Just Go, il rassemble ses meilleures anecdotes de voyage, des conseils pratiques et d’autres choses étonnantes qu’il a apprises dans chaque pays. « C’est un support formidable pour faire découvrir mes histoires à un nouveau public, affirme-t-il. C’est aussi un objet tangible que je pourrai garder pour toujours ».

Son aventure monumentale lui a surtout appris que, malgré tout, les points communs entre les êtres humains l’emportent largement sur leurs divergences. Comme il l’a déclaré sur YouTube juste après son arrivée à Djeddah : nous pleurons tous, nous rions tous, nous aimons tous. « Ce qui m’a vraiment marqué au cours de mon voyage, c’est que nous sommes fondamentalement tous pareils, a-t-il confié à loveEXPLORING. Tout le monde a besoin de manger, de boire, de dormir, de gagner sa vie pour avoir un toit au-dessus de la tête, d’envoyer ses enfants à l’école et aspire à une vie heureuse et en bonne santé ».

Autre leçon apprise par Drew, posséder beaucoup d’argent n’apporte pas forcément le bonheur. C’est même plutôt le contraire : lors de ses voyages, il a découvert que moins les gens possédaient de « richesses » selon les normes occidentales, plus ils étaient heureux. « Il suffit de se balader à Beverly Hills pour croiser des gens super déprimés, anxieux, voire suicidaires, a-t-il expliqué à loveEXPLORING, Mais si vous allez dans les bidonvilles de Manille, où les gens gagnent moins d’un dollar par jour, ils sont super amicaux et l’ambiance est agréable ». Cette photo, par exemple, a été prise en Somalie, l’un des pays les plus pauvres de la planète.

Au cours de ses voyages, Drew a découvert que 99,9 % des gens font preuve de bienveillance et que le monde est plus sûr qu’on ne le pense. La sécurité en voyage est selon lui avant tout une question de bon sens. « Marcher seul dans une ruelle à trois heures du matin n’est jamais une bonne idée, explique-t-il, même dans un pays sûr comme le Japon ». Drew recommande également de s’informer sur la situation politique du pays que l’on visite et d’éviter de faire étalage de sa richesse. Il a appris cette leçon à ses dépens lorsque son téléphone lui a été arraché des mains à Athènes, en Grèce.

Selon Drew, faire confiance à son instinct figure parmi les compétences essentielles qu’un voyageur doit développer. « Je voyage depuis suffisamment longtemps pour savoir que si un endroit ne me semble pas sûr, je n’ai aucune raison d’y rester », explique-t-il. Il met toutefois en garde contre l’excès de paranoïa, qui pourrait vous priver d’expériences mémorables. Sur cette photo, par exemple, il a bravé le danger en traversant une rivière en Afrique à bord d’une pirogue branlante, ce qui lui a permis de se faire de nombreux amis.

Les choses ne se passent pas toujours comme prévu, en particulier dans certains des pays les plus inhospitaliers. « Il y aura des moments effrayants, surtout dans des endroits plus reculés et méconnus, explique Drew dans Just Go. Mais garder son calme est la meilleure chose que vous puissiez faire, peu importe les défis ou les menaces auxquels vous êtes confronté ». Ici, au Yémen, l’un des pays les plus instables qu’il ait visités, Drew a pris un moment pour partager une tasse de thé avec des habitants, désamorçant ainsi une situation potentiellement tendue.

Sans surprise, après avoir visité 197 pays, Drew maîtrise parfaitement l’art de faire ses valises et voyage avec seulement deux petits bagages cabine : un pour son matériel vidéo, l’autre pour ses vêtements et ses affaires personnelles. « Je dis toujours aux gens de prendre deux fois plus d’argent et moitié moins de vêtements, a-t-il confié à loveEXPLORING. On peut toujours faire une lessive en chemin et on aura toujours besoin de plus d’argent, que ce soit pour les pourboires ou simplement pour profiter davantage des petites choses qui viennent enrichir l’expérience ».

Il est si facile de trouver des excuses pour ne pas se lancer, mais Drew affirme n’avoir jamais entendu personne regretter un voyage entrepris. « Soyez courageux et osez faire le premier pas, dit-il dans Just Go. Rencontrez de nouvelles personnes et laissez l’aventure vous guider, car un inconnu n’est jamais qu’une personne que vous n’avez pas encore rencontrée ».

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