Ils ont survécu au Titanic : 17 destins bouleversants à découvrir
Porteurs d’espoir
Le 10 avril 1912, le Titanic quitte le port de Southampton, en Angleterre, pour sa première traversée. Il s’arrêtera à Cherbourg en France, puis à Cobh en Irlande, avant de traverser l’Atlantique à destination de New York.
Le Titanic a beau être le plus gros et le plus luxueux des paquebots de l’époque, une catastrophe l’attend cinq jours seulement après son départ.
En ce jour tragique, le navire percute un iceberg au sud-est de Terre-Neuve et sombre dans les eaux glacées de l’Atlantique Nord. Sur les 2 200 personnes à bord, près de 1 500 perdent la vie.
Parmi les survivants, certains mèneront des existences hors du commun tout au long du XXᵉ siècle, et même au-delà.
Poursuivez votre lecture pour découvrir les témoignages bouleversants, empreints d’émotion, des rescapés du Titanic.
Adaptation française par Chloé Pellegrin
Le télégraphiste qui échappe de peu à la mort
Harold Bride est un jeune radiotélégraphiste qui, au moment de la catastrophe, est chargé d’envoyer des SOS aux navires les plus proches.
L’un des messages finit par être capté par le RMS Carpathia, qui se met en route pour porter secours au paquebot en détresse. Sans Harold Bride et les autres opérateurs radio du Titanic, il est fort probable que personne n’aurait survécu au naufrage.
Au moment de la collision avec l’iceberg, Bride et son collègue Jack Phillips envoient immédiatement des signaux de détresse et ne cessent d’émettre jusqu’à ce qu’ils apprennent qu’il ne reste plus que deux canots de sauvetage. Alors que le Titanic sombre rapidement, Bride se jette à l’eau et parvient à se hisser sur un canot pliable à moitié submergé. Il y restera jusqu’à l’arrivée des secours, à bord du Carpathia.
Le boulanger qui doit sa vie à l’alcool
Charles Joughin, chef boulanger du Titanic, survit à la catastrophe de la manière la plus improbable qui soit : en s’enivrant.
Lorsque le Titanic commence à faire naufrage, Joughin fait le tour du navire pour distribuer miches de pain et biscuits au personnel, avant de se retirer dans sa cabine pour y boire un dernier verre.
Selon l’enquête menée après la catastrophe, c’est peut-être l’alcool qui lui a sauvé la vie. L’ivresse aurait atténué les effets du froid, lui permettant de rester à la surface tant bien que mal jusqu’à l’aube, tandis que d’autres passagers et membres d’équipage succombaient au choc thermique.
Les deux petits Français
Âgés de seulement deux et quatre ans, Michel et Edmond Navratil doivent leur survie à leur père, qui les place dans le dernier canot de sauvetage. Ce sera son ultime geste : il disparaît ensuite dans le naufrage.
Arrivés à New York, les deux enfants — qui ne parlent que le français et voyagent sous une fausse identité — sont confiés à un passager francophone. C’est un article de presse avec leurs photos qui permettra, quelques jours plus tard, de retrouver leur mère restée en France.
L’actrice qui rejouera le naufrage dans un film
Dorothy Gibson était une chanteuse et actrice de cinéma muet qui voyageait à bord du Titanic avec sa mère.
Au moment de la collision fatidique, les deux femmes jouent au bridge dans le salon. Dorothy entend alors « un long et sinistre craquement » et court se renseigner. Sa mère et elle montent ensuite sur le canot de sauvetage no 7, le premier à quitter le navire.
Mais la situation redevient vite périlleuse : un trou est repéré au fond de l’embarcation. Les passagers parviennent néanmoins à le colmater avec des vêtements.
Cinq jours à peine après le drame, Dorothy Gibson est appelée à rejouer la scène dans un film muet consacré au Titanic. Peu de temps après, elle met fin à sa carrière d’actrice.
L’« insubmersible Molly Brown »
Margaret (dite « Molly ») Brown était une femme de la haute société américaine férue de voyages, en plus d’être une militante et philanthrope engagée dans la défense des droits des femmes et l’éducation des classes défavorisées.
Elle voyage en Égypte lorsqu’elle apprend que son petit-fils est malade. Pressée de rentrer aux États-Unis, elle embarque à bord du Titanic pour rejoindre le continent américain au plus vite. Lorsque le navire fait naufrage, elle prend les choses en main sur le canot de sauvetage, organise la recherche de survivants et fait tout pour sauver le plus de personnes possible. Elle distribue couvertures et nourriture aux autres passagers, et elle aurait même manié un temps la rame.
En 1960, elle sera immortalisée dans la comédie musicale The Unsinkable Molly Brown (L’Insubmersible Molly Brown, traduite en français sous le titre La Reine du Colorado).
La dernière rescapée
Née le 2 février 1912, Eliza Dean (surnommée « Millvina ») est âgée de neuf semaines seulement lorsqu’elle embarque sur le Titanic en compagnie de ses parents et de son frère aîné.
La famille a alors prévu d’émigrer aux États-Unis, le père de Millvina souhaitant y ouvrir un bureau de tabac. Lorsque le Titanic entre en collision avec l’iceberg, son père exhorte la famille à rassembler rapidement ses affaires.
La mère et les enfants se retrouvent ainsi parmi les premiers à embarquer sur les canots. Millvina s’éteint en 2009, à 97 ans. Elle était la toute dernière survivante de la catastrophe du Titanic.
Le rescapé humilié
Passager de deuxième classe et seul Japonais à bord du Titanic, Masabumi Hosono est réveillé ce soir-là par un coup frappé à la porte de sa cabine. Lorsqu’il arrive près des canots de sauvetage, il est d’abord écarté en raison de sa nationalité. Mais contre toute attente, deux places se libèrent dans l’un des canots.
Animé par le seul désir de retrouver sa famille, Hosono saisit sa chance et saute à bord. De retour au Japon, il fait toutefois face à l’opprobre général : médias et opinion publique lui reprochent alors de ne pas s’être sacrifié. Pire encore, il est faussement accusé d’avoir évincé d’autres passagers pour sauver sa peau.
La triple rescapée
Violet Jessop, hôtesse de paquebot, a la malchance de vivre trois collisions en mer durant sa carrière. Elle survit cependant à chacune d’entre elles.
En 1911, elle travaille à bord de l’Olympic, le navire-jumeau du Titanic, quand une collision avec un navire de guerre éventre la coque du paquebot. En dépit des dégâts occasionnés, le bateau rentre à bon port. En 1912, lorsque le Titanic percute l'iceberg fatidique, Jessop aide les passagers à monter dans les canots de sauvetage avant de trouver une place à bord du canot no 16.
Quelques années plus tard, alors qu’elle travaille comme infirmière sur le Britannic, ce dernier heurte une mine et sombre. Elle subit une grave blessure au crâne, mais réussit tout de même à monter sur un canot de sauvetage. Elle vivra finalement jusqu’à l’âge de 84 ans.
L’ardente détractrice
Âgée d’à peine sept ans lorsqu’elle monte à bord du Titanic avec ses parents, Eva Hart est parmi les plus jeunes survivantes de la catastrophe.
Lorsque le navire heurte l’iceberg, son père les accompagne, sa mère et elle, jusqu’aux canots de sauvetage. C’est la dernière fois qu’elles le verront. Eva Hart fera partie des principaux détracteurs du Titanic et dénoncera en particulier le manque de canots de sauvetage disponibles.
Elle s’opposera également à ce que des objets soient remontés de l’épave, qualifiant les sociétés intéressées de « vautours, pirates et pilleurs de tombes ».
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Le prof de sciences devenu auteur
Lawrence Beesley (à droite sur la photo) est professeur de sciences pour le lycée privé londonien de Dulwich College quand il embarque en deuxième classe à bord du Titanic.
Il lit dans sa cabine lorsque le navire heurte l’iceberg et ne se rend compte de rien. Mais bientôt, le silence inhabituel qui règne à bord attire son attention. Il sort alors de sa cabine… et découvre avec stupeur que les canots de sauvetage sont déjà en train d’être remplis.
Les femmes et enfants ayant la priorité, ses chances de survie sont réduites. Mais une fois les personnes les plus vulnérables embarquées, il trouve une dernière place à bord d’un canot de sauvetage. Il sera l’un des premiers à écrire un livre sur la tragédie, publié quelque neuf semaines plus tard.
La courageuse aristocrate
Issue de la bonne société américaine, Lucile Carter monte à bord du Titanic accompagnée de son mari, William Ernest Carter, et de leurs deux enfants.
Si elle est issue d’un milieu privilégié, Lucile Carter n’a pas peur de se retrousser les manches pour venir en aide aux autres. Une fois montée sur un canot de sauvetage avec ses enfants, elle remarque qu’« aucun membre d'équipage ne se trouve à bord » et réalise qu’elle n’a pas le choix : il faut qu’elle « saisisse [elle-même] une rame ».
Elle pense d’abord que son mari a péri, mais celui-ci a réussi à trouver une place sur un autre canot et il réapparaît le lendemain à bord du Carpathia.
L’officier qui survit de peu
Lorsque les canots de sauvetage quittent le navire, Charles Lightoller (officier en second du navire) prend en charge leur mise à l’eau.
Il fait en sorte d’obéir au code moral selon lequel seuls les femmes et les enfants peuvent embarquer – il affirmera plus tard avoir menacé des hommes de son revolver pour les repousser. Convaincu qu’il va périr noyé, il se jette à l’eau lorsque le Titanic sombre.
Il parvient à nager jusqu’à un canot pliable retourné, auquel une trentaine de survivants s’accrochent déjà. Il leur demande alors de répartir leur poids pour éviter que l’embarcation ne chavire, un geste qui permettra à tous – sauf trois – de survivre jusqu’à l’arrivée des secours, à l’aube.
La comtesse qui ne se laisse pas décourager
Noel Leslie, une comtesse de l’aristocratie britannique également connue sous le nom de Lady Rothes, figure parmi les plus riches passagers du Titanic.
Lorsque le navire percute l’iceberg, elle prend place dans le canot de sauvetage no 8, le premier à être mis à l’eau à bâbord. Elle tient la barre du canot pendant plus d’une heure afin de laisser le membre de l’équipage présent sur le canot se reposer.
Elle prend également soin de ses compagnons d’infortune, réconfortant notamment une jeune femme espagnole qui a perdu son mari dans le naufrage. À son retour à terre, le public la considère comme une véritable héroïne — un statut qu’elle décline pourtant avec modestie, refusant que les médias l’érigent en symbole.
L’épouse aimante qui perd son mari
Charlotte Collyer embarque sur le Titanic pour émigrer aux États-Unis avec sa fille, Marjorie, et son mari, Harvey.
Au moment de la catastrophe, Collyer est allongée sur sa couchette, le repas trop riche servi à bord lui ayant donné la nausée. On la réveille pour l’alerter du naufrage. Elle se rend alors avec sa fille sur le pont où est appliqué le principe des femmes et des enfants d’abord, qui leur vaut de monter rapidement à bord d’un canot de sauvetage.
Son mari, qui lui a promis de trouver lui aussi une place, n’aura pas cette chance. « Je me suis laissée sauver parce que je pensais que lui aussi en réchapperait », déclarera plus tard Charlotte Collye.
Le héros de l’ombre
Colonel dans l’armée américaine et historien amateur issu d’un milieu très aisé, Archibald Gracie IV voyage en première classe à bord du Titanic. Lorsque le navire commence à sombrer, il se précipite pour aider les femmes et les enfants à monter sur les canots de sauvetage en compagnie de l’officier en second Charles Lightoller.
Une fois cette mission accomplie, il monte à bord d’un canot pliable avec le reste de l’équipage du navire, mais l’embarcation se retourne très vite et Gracie passe la majeure partie de la nuit accroché à la coque du canot.
Bien qu’il ait survécu au naufrage, il meurt huit mois plus tard des suites de la grave hypothermie dont il a souffert dans les eaux glacées de l’Atlantique Nord.
Le prêtre photographe
Francis Browne, prêtre jésuite irlandais, reçoit de son oncle un billet pour un trajet à bord du Titanic entre Southampton et l’Irlande.
Passionné de photographie, il commence à prendre des clichés dès l’embarquement et se lie d’amitié avec un couple américain qui l’encourage vivement à poursuivre la traversée jusqu’à New York. Il téléphone alors à son supérieur pour demander l’autorisation de rester à bord, mais la réponse est sans appel : « DÉBARQUEZ DE CE NAVIRE ».
Contraint d’obéir, Browne quitte le paquebot à Cobh, deux jours avant qu’il ne sombre dans l’Atlantique. Ses photographies, redécouvertes en 1985, comptent aujourd’hui parmi les plus précieuses images d’archives du Titanic.
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