Du bunker caché de JFK en Floride à celui d’Hitler à Berlin, partez à la découverte des bunkers les plus secrets et fascinants de la planète, témoins silencieux des grands bouleversements de l’Histoire.
Découvrez dès à présent les 8 forteresses souterraines les plus emblématiques de tous les temps…
Adaptation française par Aurélie Blain
John F. Kennedy est élu président des États-Unis en novembre 1960, en pleine montée des tensions liées à la guerre froide. La menace d’un conflit nucléaire plane chaque jour un peu plus et Washington s’inquiète. Le jeune président tout juste entré en fonction ne dispose d’aucun plan de repli clair en cas d’attaque soviétique, notamment lorsqu’il séjourne dans sa résidence secondaire de Palm Beach, en Floride, surnommée alors la « Maison-Blanche d’hiver ».
Sur cette photo de 1963, on aperçoit le président en visite dans la propriété, accompagné de son épouse Jackie et de leurs enfants, John Jr. et Caroline.
En 1960, les forces de construction navale américaines bâtissent pendant tout le mois de décembre un bunker antiatomique ultra-secret de 140 m² sur l’île voisine de Peanut Island. Ce refuge est conçu de façon à être accessible au président et à sa famille en seulement cinq minutes d’hélicoptère.
L’installation est dissimulée derrière une porte renforcée d’acier et de béton.
Recouvert de 3,6 mètres de terre ainsi que de couches de béton et de plomb, le bunker est accessible par un tunnel en métal ondulé de 12 mètres, coudé à 90 degrés pour atténuer les effets d’une explosion nucléaire.
L’installation n’aurait certes pas survécu à un impact direct, mais elle aurait protégé pendant un mois ses occupants d’une explosion plus lointaine ainsi que des retombées radioactives.
Il ne s’agit vraiment pas d’un refuge luxueux. Sous le nom de code de « Detachment Hotel », le bunker est on ne peut plus spartiate : quelques lits superposés, une douche de décontamination, une radio, un bureau et un fauteuil à bascule permettant au président de soulager ses douleurs chroniques au dos. Les lieux ne sont même pas dotés de toilettes fonctionnelles.
Dix mois après la construction du bunker, la crise des missiles de Cuba éclate, entrainant l’Amérique au bord de la catastrophe nucléaire. Heureusement, l’impensable est évité et JFK n’aura jamais à utiliser son abri en Floride.
Le bunker est abandonné après l’assassinat du président en 1963, avant d’ouvrir au public de la fin des années 1990 jusqu’en 2017, année où son état de délabrement ne permet plus les visites. Des travaux de restauration sont actuellement en cours, mais il faudra encore plusieurs années et l’injection de millions de dollars avant sa réouverture.
Si la résidence de Palm Beach est la Maison-Blanche d’hiver, le domaine familial de Hyannis Port, à Cape Cod, est sans aucun doute sa version estivale. Les parents de John F. Kennedy, Joseph P. et Rose Kennedy, y achètent un cottage en bord de mer dans les années 1920, où le futur président américain passe ses étés en compagnie de ses frères et sœurs.
Au fil des ans, la propriété finit par couvrir six hectares et compter trois maisons. Sur cette photo datant de juin 1953, JFK pose avec sa fiancée, Jacqueline Bouvier, sur le domaine familial.
Le domaine familial servant de QG à sa campagne de 1960 — et demeurant l’un de ses lieux de villégiature favoris après son élection — la construction d’un bunker à proximité s’impose rapidement afin de parer à une éventuelle attaque nucléaire.
En 1962, un abri est aménagé sous la base navale de Tom Nevers (visible ici depuis les airs) sur l’île de Nantucket, à 50 km au sud de Cape Cod. Sa proximité permet à JFK et à sa famille d’y être évacués rapidement en hélicoptère ou en sous-marin.
Cette vieille porte rouillée, dissimulée dans une colline verdoyante, est l’un des rares vestiges à pouvoir encore témoigner de l’importance stratégique de la base. Heureusement, ces images saisissantes du photographe Kit Noble nous offrent un aperçu de l’intérieur du bunker.
L’abri est organisé autour d’un long couloir menant à une salle commune, une salle mécanique et une salle de décontamination équipée de douches destinées à éliminer toute trace de contamination radioactive.
Le bunker est alors construit dans l’urgence. Idéalement, il aurait fallu l’enfouir plus profondément, mais la petite taille de l’île de Nantucket ne le permettait pas : creuser davantage risquait de percer la nappe phréatique. La solution ? Installer des Quonset huts, ces structures préfabriquées conçues pendant la Seconde Guerre mondiale, puis les recouvrir de terre. La végétation, laissée volontairement en friche, offrait un camouflage naturel, idéal pour échapper aux regards indiscrets… et aux espions soviétiques.
Une telle installation peut paraître rudimentaire, mais comme l’explique (en anglais) Bradley Garrett, expert en construction de bunkers, au Smithsonian Magazine, « un mètre de terre au-dessus de l’abri suffit pour être à l’abri, le temps que les niveaux de radiation redescendent ».
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D’une superficie de 175 m², le bunker peut accueillir jusqu’à 30 personnes en cas d’urgence. Heureusement, JFK n’aura jamais à y pénétrer, et encore moins à emprunter cette échelle branlante. L’intérieur est par ailleurs des plus sommaires, les occupants devant se contenter de toilettes portables, faute d’une installation sanitaire permanente.
Les deux enfants du couple auraient sans doute trouvé l’expérience amusante, mais on imagine difficilement Jackie apprécier cette vie des plus spartiates.
Aujourd’hui, l’ancienne base navale a laissé place à une aire de jeux et à deux terrains de baseball. Seuls témoins de son passé militaire : une guérite abandonnée et la colline dissimulant la porte rouillée qui mène à l’abri déserté.
À quelques mètres de là s’alignent les luxueuses résidences secondaires de Nantucket, avec leurs vastes jardins et leurs piscines scintillantes qui contrastent de manière saisissante avec l’austérité de cet abri souterrain.
La construction d’un complexe souterrain débute en juin 1938, à trois mètres de profondeur sous le bâtiment londonien du trésor de Sa Majesté, à Whitehall, afin de permettre le fonctionnement du gouvernement britannique en cas de raids aériens.
Cet abri à deux niveaux est achevé en août 1939, une semaine avant que le Royaume-Uni ne déclare la guerre à l'Allemagne. Winston Churchill s’y rend pour la première fois en mai 1940, après sa nomination au poste de Premier ministre.
Le complexe est resté intact depuis qu’il a cessé d’être utilisé, depuis l’arrêt des bombardements allemands sur Londres en 1945.
En pénétrant dans la salle du cabinet, Churchill a déclaré, un cigare à la main : « C’est d’ici que je dirigerai la guerre ». Et c’est effectivement ce qu’il s’est passé. Son cabinet de guerre s’y est réuni à 115 reprises pour aborder des sujets allant des évacuations de Dunkerque aux attaques de Pearl Harbor, la salle étant particulièrement sollicitée lors du Blitz et des attaques aux missiles V1.
En septembre 1940, une bombe explose près de l’entrée du bâtiment. Lorsqu’il devient évident que le complexe ne résisterait pas à un impact direct, une couche de béton de 1,5 mètre d’épaisseur — surnommée « la Dalle » — est coulée pour renforcer la structure. Le bunker sera ensuite agrandi pour atteindre un total de 21 pièces.
Sur cette photo, la Map Room (salle des cartes), où Churchill surveille les mouvements ennemis, entouré de ses généraux et membres du cabinet.
Selon Jonathan Asbury, expert des centres de crise, Churchill entretient une relation conflictuelle avec cet endroit : il en était fier et le montrait volontiers à ses invités, mais détestait y être reclus lors des raids aériens.
Même s’il disposait d’un bureau avec couchage, Churchill n’y dormira que trois nuits au total durant toute la guerre, préférant braver le danger depuis le 10 Downing Street ou son annexe.
Mme Churchill dispose également d'une chambre dans le complexe, principalement utilisée par la fille du couple, Mary.
Après la Seconde Guerre mondiale, le site est préservé avec soin, puis ouvert au public en 1984. Aujourd'hui, il abrite un musée dédié à la vie de Winston Churchill.
Le bunker de la bataille d'Angleterre, situé sur la base de la RAF Uxbridge en périphérie de Londres, a joué dans l'effort de guerre un rôle tout aussi crucial, voire encore plus déterminant.
Contrairement aux centres de commandement, vulnérables aux bombardements au début du conflit, cette installation a été construite à 18 mètres sous terre et protégée par une épaisse couche de béton. Elle a été achevée quelques jours seulement avant que la Seconde Guerre mondiale n’éclate.
Du 10 juillet au 31 octobre 1940, cette véritable forteresse souterraine sert de QG top-secret au commandement de la Royal Air Force durant la bataille d'Angleterre.
L’installation abrite la salle des opérations : un ensemble de pièces interconnectées réparties sur deux niveaux, accessibles par un escalier de 76 marches placé sous haute surveillance, pour des raisons évidentes.
Dans la salle de traçage pleine d’agitation, les membres de la WAAF (force féminine auxiliaire de de la Royal Air Force) suivent les raids aériens nazis et les mouvements des avions alliés sur une immense table de traçage.
Pendant ce temps, les officiers de la RAF coordonnent les déplacements des escadrons à l'aide d'un tableau d'affichage et d'écrans indiquant les conditions météorologiques ainsi que la position des ballons de barrage.
Depuis la salle de commandement située à l'étage supérieur, le commandant dirige les opérations dans l’urgence et la tension permanente. Les équipes de la RAF doivent prendre, en quelques secondes, des décisions cruciales pouvant sceller le destin de nombreux pilotes et civils.
En septembre 1940, Churchill visite le bunker au plus fort des combats. Ému, il prononce ces mots restés célèbres : « Jamais dans l'histoire des conflits humains, tant de gens n'ont dû autant à si peu ».
Ce bunker secret joue également un rôle déterminant dans la défense de Londres durant le Blitz et permet de protéger les forces alliées engagées dans le débarquement de Normandie des bombardements nazis.
Après la guerre, l'installation est laissée à l'abandon. Heureusement, la salle des opérations a été restaurée en 1975 et le bunker, transformé en musée, a rouvert ses portes dix ans plus tard. Un centre d'accueil en surface y a été ajouté en 2018.
La somptueuse Villa Torlonia, à Rome, devient la résidence officielle du dictateur italien Benito Mussolini en 1925. Il y vit avec son épouse et leurs cinq enfants, pour un loyer symbolique d’une lire par an.
Sur cette photo datant du début des années 1930, la famille pose devant l’élégant palais de style néoclassique.
Lorsque l’Italie entre en guerre aux côtés de l’Allemagne en 1940, les bombardements alliés sur Rome ne sont plus qu’une question de temps.
Mussolini, bravache, ne manque pas de déclarer qu’il attendra les bombes depuis son balcon et ne se terrera jamais sous terre, mais, en réalité, le Duce se rue dans son bunker au moindre signe de raid aérien.
Le premier bunker de la villa est aménagé en 1940, dans une ancienne cave à vin située sous le lac du domaine. Comme il est éloigné de la résidence principale, un second abri, doté de murs plus épais et de portes en acier étanches aux gaz, est construit directement sous la villa l'année suivante.
Fin 1942, la construction d'une installation ultramoderne équipée des dernières avancées technologiques de l’époque est entamée.
Envieux des impressionnants bunkers de son allié fasciste, Mussolini souhaite rivaliser avec Hitler et se fait construire l'installation la plus perfectionnée possible.
La structure en forme de croix est édifiée à plus de six mètres de profondeur sous l’entrée de la villa et dotée de murs en béton de quatre mètres d'épaisseur, capables de résister aux bombes conventionnelles les plus puissantes.
Benito Mussolini est renversé et arrêté en juillet 1943 ; le troisième bunker de la Villa Torlonia ne sera jamais achevé. Le domaine est ensuite racheté par la ville de Rome, qui le transforme en musée.
Les bunkers ne seront ouverts au public qu’en 2006, avant de devoir refermer temporairement en raison de taux élevés de radon. Depuis leur réouverture en 2014, la concentration de ce gaz radioactif fait l’objet d’un contrôle strict.
Hitler passe une grande partie de la Seconde Guerre mondiale, précisément plus de 800 jours, au Wolfsschanze (la tanière du loup), son quartier général du front de l'Est, où il se terre la plupart du temps dans un bunker conçu pour résister à l’impensable.
Situé au cœur des bois de Mazurie, dans ce que l’on appelle alors la Prusse-Orientale, ce complexe sinistre, construit dans le plus grand secret, est achevé en 1941, peu avant l’arrivée du dictateur.
Dissimulés en pleine forêt, quelque 200 bâtiments composent l’ensemble du site : casernes, bureaux, cinéma, centrales électriques, gare ferroviaire, deux aérodromes et, bien sûr, des bunkers destinés à Hitler et à son cercle rapproché.
C’est entre les murs de cette « tanière » que les dirigeants nazis, avec l’appui de plus de 2 000 militaires et membres du personnel, orchestrent l’Holocauste et des campagnes militaires d’une brutalité inouïe, comme la bataille de Stalingrad.
À mesure que la guerre s’enlise et que la situation tourne au désavantage de l’Allemagne, Hitler sombre dans une paranoïa grandissante. La sécurité du complexe est poussée à son paroxysme, et le Führer va jusqu’à employer une équipe de 15 jeunes femmes chargées de goûter ses repas pour parer à toute tentative d’empoisonnement. Mais ses craintes prennent une tournure obsessionnelle et des sommes colossales sont investies dans le renforcement du bunker, qui devient une véritable forteresse aux multiples pièces, couloirs et halls.
Les soupçons d’Hitler sont confirmés le 20 juillet 1944, lorsqu’un groupe d’officiers supérieurs de la Wehrmacht, mené par le colonel Claus von Stauffenberg, tente de l’assassiner en déposant une bombe dissimulée dans une mallette près de son bureau, dans la salle de conférence du complexe. La mallette est toutefois déplacée juste avant l’explosion, ce qui lui sauve la vie.
La bombe devait initialement exploser à l’intérieur du bunker — une détonation qui l’aurait presque certainement tué.
Alors que l’Armée rouge avance inexorablement, Hitler abandonne la tanière du loup en novembre 1944. D’importantes charges explosives sont utilisées pour raser le complexe, mais la solidité des structures empêche sa destruction complète.
Aujourd’hui, le site attire des centaines de milliers de visiteurs chaque année, mais sa transformation en site touristique suscite de vives controverses.
De retour à Berlin, le 16 janvier 1945, Hitler se retranche dans son bunker situé près de la chancellerie du Reich, alors que les forces alliées approchent de la capitale et que l’armée allemande est en déroute.
Achevé en 1944, le Führerbunker s’enfonce à 8 mètres sous terre et résiste aux bombes conventionnelles les plus puissantes grâce aux murs de béton de 4 mètres d’épaisseur qui l’entourent.
Ce complexe souterrain de 280 m² comprend 30 petites pièces, parmi lesquelles une salle de conférence, une salle des cartes, des bureaux et des chambres pour Hitler et ses proches collaborateurs, mais aussi pour sa compagne, Eva Braun.
Malgré son mobilier luxueux et les peintures à l’huile qui ornent ses murs, il y règne une atmosphère pesante.
Cette reconstitution du bureau d’Hitler est visible au Berlin Story Museum. C’est dans cette pièce qu’il s’est donné la mort aux côtés d’Eva Braun, le 30 avril 1945. La veille, ils s’étaient unis dans la salle des cartes du bunker, lors d’une cérémonie austère suivie d’une réception tout aussi morose, alors que tous savaient l’arrivée des Soviétiques imminente.
Johanna Ruf, décédée en 2023 à l’âge de 94 ans, serait l’un des derniers témoins des derniers jours du couple passés dans le bunker. À l’époque, cette jeune infirmière de 15 ans travaille dans un hôpital de fortune adjacent à l’abri. Elle se souvient de Joseph Goebbels tentant de rassurer les derniers partisans du régime à la toute fin du conflit.
Elle l’aurait entendu dire que la victoire finale était à portée de main. « Mais la seule chose qui les attendait, c’étaient les Russes, » a-t-elle ajouté.
Johanna Ruf devait initialement recevoir une récompense des mains d’Hitler en personne, mais la cérémonie est annulée à la dernière minute. Peu après, elle apprend la mort du Führer. Dans la foulée, l’Armée rouge entame le bombardement des abords de la chancellerie du Reich.
Sur cette photo, on peut voir le soldat américain de première classe Richard Blust, originaire du Michigan, en train d’examiner les vestiges du bunker. Un incendie a réduit une grande partie du mobilier en cendres, mais on distingue encore un cadre doré et un canapé.
Après la guerre, les Soviétiques rasent la chancellerie du Reich, mais le bunker, lui, reste en grande partie intact. Une portion de l’installation est détruite dans les années 1990, tandis que le reste est muré pour éviter qu’il ne devienne un lieu de pèlerinage pour les nostalgiques du nazisme.
Aujourd’hui, les vestiges du Führerbunker d’Hitler reposent sous un banal parking résidentiel.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’empereur japonais Hirohito se réfugie dans un bunker en béton, enfoui à 18 mètres de profondeur sous la bibliothèque du vaste complexe du palais impérial de Tokyo.
Le souverain s’y terre lors du bombardement incendiaire de la ville en mars 1945, puis s’y installe définitivement deux mois plus tard, après un raid dévastateur ayant ravagé une grande partie du palais.
Le vaste bunker abrite des bureaux, des salles techniques et de communication, des toilettes, des chambres ainsi que des espaces de vie, probablement destinés à la famille impériale.
La pièce la plus marquante reste cependant la salle de conférence, où Hirohito enregistre en août 1945 son célèbre discours de capitulation, marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale pour le Japon.
La capitulation survient après le largage des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, et l’entrée en guerre de l’Union soviétique contre le Japon, scellant ainsi la défaite totale du pays.
Même une fois la guerre terminée, Hirohito continue d’occuper le bunker, qu’il n’abandonne qu’en 1961. Le bâtiment est ensuite laissé à l’abandon, sans qu’aucune mesure de préservation ne soit entreprise. En 2015, pour la première fois en cinquante ans, l’Agence de la maison impériale en publie des images.
Comme le montre cette photo d’un couloir délabré, les portes blindées du bunker sont rongées par la rouille et l’humidité a noirci les murs. Pourtant, la structure, dans son ensemble, semble avoir bien résisté au temps. Ce bunker abandonné a visiblement été conçu pour durer.
La salle de conférence où Hirohito a enregistré son discours historique est, elle, dans un bien plus mauvais état. Le parquet et les panneaux de bois des murs se désintègrent littéralement, en proie à une lente désagrégation causée par l’humidité.
Contrairement à d’autres bunkers emblématiques dans le monde, celui-ci ne sera sans doute jamais restauré ni ouvert au public. Faute de restauration, il continuera à s’effacer, lentement, jusqu’à n’être plus qu’un souvenir.
À la fin des années 1950, une équipe du Corps du génie de l’armée américaine est chargée de localiser un site où construire un bunker destiné à abriter les membres du Congrès en cas d’attaque nucléaire.
Le choix se porte sur le luxueux Greenbrier Resort, un hôtel situé à White Sulphur Springs, en Virginie-Occidentale. Le site est facilement accessible depuis Washington, mais suffisamment éloigné pour garantir une protection en cas de bombardement nucléaire de la capitale américaine.
Officiellement lancée comme une extension d’hôtel, la construction du projet baptisé Projet Greek Island démarre en 1957 dans le plus grand secret.
Derrière cette façade anodine se cache en réalité un immense bunker conçu pour accueillir les membres du Congrès américain en cas d’attaque nucléaire. Mais les volumes colossaux de béton coulés sur le site ne passent pas inaperçus et éveillent rapidement les soupçons des ouvriers et des riverains.
Le chantier s’achève en 1962, juste à temps pour la crise des missiles de Cuba. Coût estimé à l’époque : 14 millions de dollars, soit l’équivalent d’environ 132 millions d’euros aujourd’hui.
Enfoui à 220 mètres sous terre et protégé par d’énormes portes anti-explosion et plusieurs couches de béton armé, le bunker s’étend sur plus de 10 400 m² et comporte deux niveaux.
Dissimulées à la vue de tous, ses vastes salles étaient destinées à accueillir des sessions du Congrès. Elles faisaient partie intégrante de l’hôtel, mais auraient été totalement isolées du reste du complexe en cas de guerre nucléaire.
Passé le long tunnel d’entrée, on découvre une véritable ville souterraine : salle de décontamination, 18 dortoirs de 30 lits superposés chacun, cuisine avec six mois de vivres, vaste cafétéria de 400 places, sans oublier une salle de conférence équipée pour des diffusions télé… avec un décor figurant le Capitole en toile de fond.
On y trouve également un hôpital, une pharmacie et même une prison équipée de camisoles de force. Les rumeurs quant à l’existence d’un site gouvernemental secret sous le complexe ont été confirmées en 1992, dans un article du Washington Post.
Une fois le secret révélé, l’installation a immédiatement été déclassifiée et abandonnée. Elle sert aujourd’hui de centre de stockage de données et accueille des touristes.
Près de dix ans avant la construction des bunkers de JFK et du Congrès américain, le dirigeant soviétique Joseph Staline a ordonné l’aménagement d’une installation ultra-secrète. Elle était destinée à lui servir de refuge ainsi qu’à ses plus hauts responsables en cas d’attaque nucléaire sur Moscou.
Enfouie dans une colline à 60 mètres de profondeur à quelques pas du Kremlin , cette structure de 7 000 m² fut achevée en 1956, soit trois ans après la mort de Staline.
Construit sur le modèle du métro de Moscou, le bunker se compose de quatre tunnels circulaires renforcés par des anneaux en acier. Longs de près de 150 mètres chacun, ils sont interconnectés par des passages étroits.
L’accès principal se trouvait autrefois dans la station de métro Taganskaïa, via un tunnel secret. Une autre entrée, plus discrète encore, se cachait derrière la façade d’un immeuble factice qui abritait un escalier et un dôme en béton de six mètres d’épaisseur destiné à absorber les impacts.
Une fois terminé, ce bunker ultra-sécurisé a servi de poste de commandement des forces nucléaires de l’Union soviétique.
Il était équipé de purificateurs d’air, de puits profonds permettant de puiser de l’eau potable, de systèmes permettant d’assurer la survie de ses occupants ainsi que de stocks importants de nourriture. L’endroit pouvait accueillir 3 000 personnes, avec de quoi tenir trois mois sans aide extérieure.
On raconte que Nikita Khrouchtchev, successeur de Staline, se serait réfugié dans ce bunker lors de la crise des missiles de Cuba. En dehors de cet épisode, peu d’événements marquants semblent s’y être produits. Au fil du temps et avec le développement rapide des technologies nucléaires, le site a progressivement perdu de son importance jusqu’à devenir obsolète.
L’entretien a été négligé, et à la fin des années 1980, l’installation était dans un état de délabrement avancé.
Après la chute de l’URSS, le Bunker 42, initialement connu sous le nom de code « Installation-02 », a été déclassifié. Puis en 2006, le gouvernement russe l’a vendu à une entreprise privée qui l’a transformé en musée et complexe à vocation touristique et événementielle.
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