Certains lieux portent en eux le souffle de la création. De Giverny à Mexico en passant par la Catalogne, plongez dans l’intimité de neuf artistes de génie à travers leurs célèbres demeures. Qu’elles aient été transformées en musées ou soient toujours habitées, ces propriétés renferment certains éléments d’époque qui témoignent encore du passage de leurs illustres occupants.
Poursuivez votre lecture pour explorer le monde fascinant de ces artistes hors normes.
Adaptation française par Aurélie Blain
L’artiste surréaliste espagnol Salvador Dalí a atteint une célébrité internationale de son vivant, tant pour ses œuvres originales et singulières que pour son excentricité légendaire. Inspiré par les maîtres de la Renaissance, l'impressionnisme et le cubisme, Dalí a développé un style unique, qu’il qualifiait de « mystique nucléaire », caractérisé par des images étranges et oniriques, qu'il déclinait à travers divers médiums.
Au cours de presque sept décennies de création artistique au XXᵉ siècle, Dalí est devenu une figure incontournable du surréalisme tout en anticipant les prémices du pop art, préfigurant ainsi l’évolution de l’art au-delà de son époque.
En 1930, à l’âge de 26 ans, Salvador Dalí acquiert une modeste cabane de pêcheur dans le village de Portlligat, en Espagne. Convaincu que l’étroitesse de l’espace stimulerait sa créativité, il se sent immédiatement à l’aise dans ce petit lieu.
Dans son autobiographie, il expliquera plus tard avoir désiré un espace particulièrement restreint, estimant que plus ce dernier était réduit, plus il lui rappelait le confort du ventre maternel. À l’origine, Dalí imaginait un espace de 4 m², combinant salle à manger, atelier et chambre à coucher, avec un escalier menant à une cuisine et une seconde chambre. Ce lieu, à la fois intime et inspirant, est devenu un élément central de sa vie et de sa création artistique.
Au fil des 40 années suivantes, la cabane devient la résidence principale du peintre, qui acquiert petit à petit les habitations voisines et relie les quatre maisonnettes adjacentes pour former un dédale unique en son genre.
C’est ici que Dalí réalise l’un de ses tableaux les plus emblématiques, La Persistance de la mémoire, où ses célèbres montres molles semblent couler sur le décor.
Aujourd’hui, la Casa Dalí est ouverte au public, quasiment dans l’état où l’a laissé l’artiste. On y découvre une collection foisonnante d’œuvres et d’objets insolites accumulés au fil des années. Dès l’entrée, surnommée le Hall de l’Ours, la maison dévoile un enchevêtrement de couloirs étroits et de passages secrets reliant à des niveaux variés les différentes parties du bâtiment.
Construite sur une falaise dominant la mer, des escaliers sinueux permettent d’atteindre des niveaux intermédiaires et de passer d’une pièce à l’autre.
Sur le toit de la demeure s'étend une grande terrasse en carreaux de terre cuite, agrémentée de quatre bassins réfléchissants. De là, on profite d’une vue panoramique sur le port, la mer, ainsi que sur l'un des nombreux œufs géants disséminés un peu partout sur la propriété. Ces œufs emblématiques, présents en divers endroits du domaine, rappellent la fascination de Dalí pour ce symbole.
L’œuf revient en effet régulièrement dans l’œuvre de Dalí, évoquant par sa dimension prénatale l’espoir et l’amour, thèmes chers à l’artiste.
Né en 1881 dans une famille aisée de Malaga, en Espagne, Pablo Picasso est l’un des artistes les plus célèbres et prolifiques du XXe siècle. Peintre, sculpteur, céramiste et graveur, il est notamment connu pour des chefs-d’œuvre tels que Les Demoiselles d'Avignon et Guernica.
Moins médiatisée que son œuvre, la vie privée de Picasso est tout aussi fascinante. Il est ici photographié en 1966 dans sa somptueuse villa cannoise, La Californie.
Cette élégante villa de trois étages construite en 1920 et située dans le très chic quartier de La Californie à Cannes reflète tout le charme méditerranéen. Picasso s’installe dans la région dans les années 1940, mais ce n’est qu’en 1955, à l’âge de 74 ans, qu’il achète cette demeure d’exception avec Jacqueline, sa seconde épouse alors âgée de 28 ans.
Depuis son balcon, l’artiste profite d’une vue sublime sur la mer, source constante d'inspiration pour ses œuvres.
Picasso transforme rapidement le salon principal en atelier, où il entasse une multitude de toiles et de sculptures. Certains éléments de la villa influencent même ses peintures, qu’il décrit comme « des paysages intérieurs ».
Sur cette photo datant de 1957, on le voit en compagnie du marchand d’art Daniel-Henry Kahnweiler, qui considèrera la Méditerranée comme la « nouvelle patrie » de Picasso. Amoureux de la région, le maître espagnol acquiert également le château de Vauvenargues, une forteresse médiévale du XIVe siècle située près d’Aix-en-Provence.
Sur cette photo prise en juin 2013, la pièce principale est méconnaissable. Il suffira toutefois de la comparer à l’image précédente pour y retrouver l’élégante structure d’origine.
La petite-fille de l’artiste, Marina Picasso, a hérité de la villa à seulement 22 ans, avant de la mettre en vente en 2015. Malgré une offre d’achat de 150 millions d’euros, elle confie que cette demeure reste pour elle synonyme de souvenirs d’enfance douloureux.
Elle se rappelle notamment ces instants où, accompagnée de son père, Paulo, alors ruiné, elle se retrouvait devant les grilles de la somptueuse propriété, contrainte de quémander l’aide d’un grand-père indifférent..
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En 1961, dérangé par la construction d’un immeuble venant obstruer sa vue sur la mer, Picasso décide de quitter La Californie. Il s’installe alors à vingt minutes de là, au Château de Vie à Mougins, qui va devenir sa dernière demeure. Jacqueline et lui y mènent une vie tranquille et recluse, permettant au peintre de se consacrer pleinement à son art. Et cette période lui est fructueuse : entre 1968 et 1972 seulement, il y réalise plus de 100 tableaux et des centaines de gravures.
Il s’éteint en avril 1973, à l’âge de 91 ans, laissant derrière lui un héritage artistique inégalé.
Pierre-Auguste Renoir est l’une des figures majeures de l’impressionnisme français, maître dans l’art de capturer la beauté féminine et la sensualité. S’il excelle dans l’art du portrait, il est également connu pour ses scènes de foule animées, à l’image du Bal du moulin de la Galette et du Déjeuner des canotiers.
Bien qu’il ait connu un certain succès de son vivant, sa notoriété, comme celle de nombreux impressionnistes, n’a cessé de croître depuis le milieu du XXe siècle.
De 1896 jusqu’à sa mort en 1919, Renoir et son épouse, Aline Charigot, passent leurs étés dans cette charmante maison de campagne située à Essoyes, un village pittoresque situé en Champagne-Ardenne. Parisien dans l’âme, Renoir s’y installe à contrecœur, à la demande insistante de sa femme.
Mais il tombe rapidement sous le charme des paysages bucoliques de la région, qui nourrissent son imagination et l’amènent à peindre presque tous les jours.
Avant d’avoir les moyens de se bâtir un atelier, Renoir peint à l’étage de sa maison, dans une chambre vite encombrée par son matériel. Il finit par construire un petit atelier au fond du jardin, aujourd’hui accessible aux visiteurs.
C’est là, au cœur de ce sanctuaire baigné de lumière et couvert de taches de peinture, qu’il capture ses nouveaux modèles : ses enfants, leur nourrice, et les lavandières du village affairées au bord du ruisseau.
Simple et rustique, l’intérieur de la maison témoigne des moyens modestes dont disposait l’artiste lorsqu’il y vivait avec sa famille. Il conserve néanmoins tout le charme typique des demeures de campagne françaises. Les visiteurs peuvent y découvrir la cuisine, le salon, la salle à manger ainsi que les trois chambres occupées à l’époque par Renoir, son épouse Aline et leurs enfants.
On peut également y voir le fauteuil roulant du peintre, qu’il dut adopter en raison d’une arthrite aiguë. Déterminé à poursuivre son œuvre, Renoir déclara alors qu’il préférait ne plus jamais marcher plutôt que d’abandonner la peinture.
Restée dans la famille Renoir jusqu’en 2012, la maison d’été d’Essoyes a été vendue cette année-là par l’arrière-petite-fille de l’artiste, Sophie Renoir, au conseil municipal de la commune.
Après une rénovation d’un million d’euros, elle a rouvert ses portes en juin 2017 sous la forme d’un musée dédié à l'artiste.
Considéré comme l’un des plus grands artistes allemands, Albrecht Dürer est une figure majeure de la Renaissance allemande. Né en mai 1471, il grandit et travaille à Nuremberg, alors l’un des principaux centres artistiques et commerciaux d’Europe.
Parmi ses œuvres les plus emblématiques, on retrouve la grande peinture à l’huile Le Festin du Rosaire et une aquarelle représentant un lièvre, ainsi qu’une série d’autoportraits fascinants. Son héritage est tel que sa maison, à l’architecture médiévale, est ouverte au public depuis 1871. Partons à la découverte de ce lieu emblématique…
Albrecht Dürer s’installe en 1509 dans cette impressionnante maison à colombages, alors qu’il était à l’apogée de sa carrière de peintre. Cette demeure se trouve sur une place adjacente à la Tiergärtnertor, une porte des remparts de la ville datant du XIIIe siècle. La maison et la place attirent depuis toujours les touristes, et le peintre anglais J.M.W. Turner les a même esquissées en 1835.
Contre toute attente, la maison et la porte ont survécu aux bombardements alliés qui ont ravagé la vieille ville de Nuremberg en 1945. La place abrite également un bunker datant de la Seconde Guerre mondiale, utilisé comme dépôt où furent dissimulées des œuvres d'art importantes afin de les protéger des raids aériens, à travers un réseau de caves secrètes.
Construite vers 1420, la maison est rénovée peu avant son acquisition par les Dürer. Albrecht y vit alors avec son épouse Agnes, sa mère, ainsi que plusieurs de ses élèves et apprentis. Ils reçoivent probablement des invités de marque dans ce salon, restauré en 1880 pour restituer le style de l’époque de Dürer.
Observez les vitres en verre bullé et les fauteuils Dagobert. La pièce ressemble étrangement à celle représentée dans la gravure de Dürer Saint Jérôme dans son étude (1514), nous offrant un aperçu des objets et du mobilier qu’il possédait peut-être dans son propre intérieur.
Au rez-de-chaussée de cette ancienne demeure, la cuisine conserve encore son âtre d’origine, où les domestiques préparaient les repas de la famille Dürer.
Si cet espace peut sembler rudimentaire aujourd’hui, il constitue néanmoins un précieux témoignage du quotidien des familles aisées au début du XVIe siècle.
Au XIXe siècle, une chambre et un salon ont été transformés en un seul espace pour créer cet atelier d’artiste à l’étage. On y retrouve tous les outils du peintre, tandis qu’une pièce adjacente abrite une reproduction grandeur nature d’une presse à cuivre, inspirée d’un dessin de Dürer.
Pour le Metropolitan Museum of Art de New York, Dürer a marqué l’histoire de l’art grâce à ses gravures. Il aurait porté la technique de la xylographie à un niveau inégalé de « virtuosité technique, d’ampleur intellectuelle et de profondeur psychologique ».
Aucune œuvre n’a traversé les siècles avec autant de force que celles de Léonard de Vinci, dont le génie fascine encore aujourd’hui. Véritable homme de la Renaissance, de Vinci ne s’est pas contenté de peindre La Cène en 1498 et La Joconde en 1503, mais a également laissé une empreinte indélébile dans le domaine scientifique.
Le grand artiste et penseur a d’abord vécu dans un appartement à Bologne, en Italie, avant de s’installer dans un somptueux château français, où il s’est éteint en 1519.
Construit en 1471, le château du Clos Lucé est niché dans une rue étroite de la ville d’Amboise, au cœur de la vallée de la Loire.
En 1516, Léonard de Vinci y pose ses valises à l’invitation du roi François Ier, qui séjourne dans le château voisin d’Amboise, alors centre du pouvoir royal français à la Renaissance.
L’imposante cheminée en pierre de cette vaste chambre devait procurer à Léonard de Vinci une chaleur réconfortante durant les hivers rigoureux.
Grand admirateur de son génie, François Ier l’avait nommé Premier peintre, ingénieur et architecte du Roi, lui accordant une pension généreuse en plus du privilège de résider dans ce château.
Âgé de seulement 64 ans à son arrivée au Clos Lucé, de Vinci est alors dans les dernières années de sa vie. Il consacre cette période à l’enseignement ainsi qu’à divers projets pour le roi de France.
Il apporte avec lui ses précieux carnets ainsi que trois de ses œuvres les plus célèbres : La Joconde, Saint Jean-Baptiste et Sainte Anne, aujourd’hui exposées au musée du Louvre à Paris.
Aujourd’hui, une représentation du maître veille sur le château depuis un tunnel souterrain, qui aurait autrefois relié le Clos Lucé au château de François Ier, permettant aux deux hommes de se rencontrer quotidiennement.
La légende raconte que Léonard de Vinci s’est éteint dans les bras du roi de France le 2 mai 1519, avant d’être inhumé dans la chapelle du château d’Amboise. Les visiteurs peuvent découvrir ces deux châteaux ainsi que la tombe de Léonard de Vinci.
Réputée avant tout pour ses autoportraits et son style surréaliste, Frida Kahlo met sa peinture au service de l’exploration des questions de genre, de classe sociale, de race, de culture mexicaine et, plus que tout, de sa propre identité.
Frappée par la polio dans son enfance, elle subit un grave accident de bus à 18 ans, qui la laissera avec des séquelles à vie. Les douleurs chroniques et les complications médicales limitent ses opportunités, faisant de son art un puissant exutoire face à la souffrance et à la perte.
Alitée la majeure partie de sa vie, Frida Kahlo vit à La Casa Azul (« la maison bleue » en français), demeure familiale construite par son père en 1904.
Elle y voit le jour en 1907 et y rend son dernier souffle en 1954. Quatre ans plus tard, son époux, Diego Rivera, fait don de la maison à la nation mexicaine et la propriété est alors transformée en musée. Le Museo Frida Kahlo, comme on l’appelle aujourd’hui, est resté pratiquement inchangé depuis la mort de Frida Kahlo.
Construite dans le plus pur style colonial mexicain, la maison s’articule autour d’une cour centrale. Diego Rivera y a apporté plusieurs modifications, fermant complètement la cour et ajoutant une aile, qui deviendra à la fois le sanctuaire et l’espace de convalescence de l’artiste.
Cette vaste demeure à deux étages abrite une cuisine aux couleurs vives, plusieurs chambres, de grands espaces communs et des ateliers distincts pour les deux artistes. Elle est ornée d’œuvres d’artistes locaux et internationaux, ainsi que de nombreux artefacts archéologiques.
Tout au long de sa vie, Frida Kahlo s’engage pleinement en politique et milite avec passion au sein du Parti communiste mexicain, où elle croisera la route de Diego Rivera. La Casa Azul devient alors le refuge de nombreux intellectuels et exilés politiques, dont le marxiste russe Léon Trotsky.
Des portraits de ses deux idoles, Mao et Lénine, sont encore suspendus au-dessus de son lit, près d’un portrait inachevé de Staline sur lequel elle travaillait au moment de sa mort.
La maison a été transformée en musée sous la supervision d’un ami du couple, le muséographe et poète Carlos Pellicer, qui a reçu des instructions strictes pour préserver l’intégrité de la propriété.
Le musée offre une plongée saisissante dans l’univers de Frida Kahlo : ses vêtements pendent toujours dans son armoire, et ses pinceaux reposent comme si elle allait les reprendre d’un instant à l’autre. Un dernier hommage peut même lui être rendu devant l’urne qui contient ses cendres.
Frederic Leighton est un peintre, sculpteur et dessinateur britannique du XIXe siècle. Ses œuvres, largement influencées par des thèmes bibliques, historiques et classiques, rencontrent un immense succès de son vivant et atteignent une grande valeur sur le marché de l’art. Pourtant, la critique se détourne progressivement de lui au XXe siècle.
Malgré une carrière prestigieuse qui le mène à la présidence de la Royal Academy et à représenter la Grande-Bretagne lors de l’Exposition universelle de Paris en 1900, son parcours est teinté de controverses. Des rumeurs persistent notamment sur sa supposée homosexualité et l’existence d’enfants illégitimes.
Nichée aux abords de Holland Park à Londres, la maison-atelier de Leighton est bien plus qu’un lieu de vie : c’est le projet d’une vie, auquel il consacre son temps et ses ressources, de sa construction dans les années 1860 jusqu’à son décès en 1896.
Pensée comme un espace multifonctionnel – atelier, résidence, lieu de réception et galerie pour ses collections – elle est conçue avec un soin extrême. Leighton y investit des sommes colossales, et sa splendeur ne passe pas inaperçue. La presse s’en empare et la propriété devient aux yeux du public l’incarnation du faste et du mode de vie des grands artistes.
Leighton confie la construction de cette maison à l'architecte George Aitchison, qu’il avait rencontré à Rome dans les années 1850, alors que celui-ci n’avait encore jamais travaillé sur un projet d’habitation.
Leur collaboration, qui durera trente ans, permet à Aitchison de concevoir non seulement la structure extérieure de la demeure, mais aussi son intérieur et une grande partie du mobilier. Ce projet marque un tournant dans sa carrière et lui ouvre les portes de nombreux chantiers d’aménagement intérieur pour des propriétaires londoniens fortunés et amateurs d’art.
L’Arab Hall (« le salon arabe » en français), une extension ajoutée entre 1877 et 1881, est la pièce la plus emblématique de la maison. Entre 1867 et 1873, Leighton rapporte de ses nombreuses expéditions en Turquie, en Égypte et en Syrie une riche collection d'objets d’art, notamment les céramiques de Damas qui en décorent les murs.
Cette pièce s'inspire de l'intérieur d’un palais sicilo-normand du XIIe siècle, La Zisa, situé à Palerme en Sicile.
Si Frederic Leighton laisse derrière lui un riche héritage artistique, sa maison de Holland Park reste probablement l’un des témoignages les plus durables de son génie. L’une des sœurs de Frederic Leighton écrivait en 1899 dans une lettre adressée au Times : « Il a bâti cette maison pour son seul plaisir artistique et chaque pierre témoigne de son dévouement ».
Après une rénovation de 8 millions de livres sterling (9,7 M€), la Leighton House a rouvert ses portes au public. Le musée offre désormais aux visiteurs la possibilité de découvrir l’atelier de l’artiste, ses œuvres ainsi que la collection spectaculaire qu’il avait rassemblée avec passion au fil des années.
Figure majeure de l’impressionnisme, Claude Monet est un peintre reconnu pour ses représentations saisissantes de la nature. Né au Havre, en Normandie, il entretient un lien profond avec la campagne française, qu’il cherche à retranscrire dans ses œuvres en capturant avec finesse les variations de lumière et le passage des saisons.
Monet jouit d’un grand succès de son vivant, mais sa célébrité croît considérablement à la fin du XXe siècle, au point d’inspirer l'émergence du modernisme.
En 1883, Monet loue une maison et des jardins à Giverny, où il s’installe avec sa femme et ses deux fils, espérant ainsi apporter une certaine stabilité à sa famille. La maison comprend une grande grange, qu’il transforme en atelier de peinture, ainsi qu’un verger et un petit jardin que la famille cultive avec enthousiasme.
Profitant des retombées financières de son succès grandissant, Monet achète la maison en 1890 et y résidera jusqu’à sa mort en 1926.
Au cours de ces 40 années, les jardins deviennent la principale source d’inspiration du peintre et donnent naissance à ses œuvres les plus célèbres, dont la célèbre série des Nymphéas.
Dans les années 1890, Monet agrandit la propriété, y ajoutant une serre et un second atelier. Il poursuit l’aménagement de ses jardins avec soin, s’entoure de paysagistes pour réaliser ses idées et achète les terrains alentour, y compris une prairie humide, pour élargir son domaine.
Pour coller à son cadre végétal somptueux, la maison est un véritable festival de couleurs : murs extérieurs rose tendre, volets d’un vert éclatant et pièces baignées de lumière aux teintes vives de bleu et de jaune.
Pendant ses années à Giverny, la maison de Monet devient le lieu de rassemblement de nombreux artistes, écrivains, politiciens et intellectuels du monde entier. Parmi eux, John Singer Sargent, qui deviendra un ami proche et un collègue influent, dont le travail influencera Monet, et réciproquement, pendant plusieurs décennies.
Aujourd’hui, la maison et les jardins sont été transformés en musée et sont ouverts au public. Les visiteurs peuvent visiter la cuisine familiale, la salle à manger et le salon bleu, avant de découvrir les chambres autrefois occupées par Monet, Alice et leurs fils. Ils peuvent également explorer le premier atelier du peintre, où l’atmosphère foisonnante de l’époque a été fidèlement recréée à l’aide de reproductions.
Quant au mobilier et aux œuvres d’art disséminés dans le reste de la maison, ils ont été conservés presque à l’identique depuis la disparition de l’artiste.
En 1945, Jackson Pollock, artiste révolutionnaire et grande figure du mouvement expressionniste abstrait, épouse l’artiste Lee Krasner et quitte New York pour s’installer à East Hampton, aux États-Unis.
Grâce à un prêt accordé par la célèbre mécène et marchande d’art Peggy Guggenheim, le couple fait l’acquisition d’une maison dotée d’une grange, transformée en atelier commun. Lee Krasner espère que ce changement de cadre aidera son mari, en proie à l’alcoolisme, à se recentrer sur son travail.
Le couple s’installe dans la maison alors que la Seconde Guerre mondiale n’est pas terminée : elle ne dispose alors ni de chauffage, ni d’eau courante, ni même de salle de bain. Lee Krasner la décrira comme une « certaine idée de l’enfer ».
Les artistes entreprennent immédiatement des travaux de rénovation pour transformer la propriété en un lieu de vie fonctionnel. Toutefois, l’installation du chauffage et de l’électricité ne sera achevée qu’en 1953.
Malgré son aspect rudimentaire, la maison répond aux besoins du couple, qui y vit et y travaille jusqu’à la mort de Pollock dans un accident de voiture en 1956. Krasner y vivra quant à elle jusqu’à son décès en 1984.
La maison et l’atelier ont depuis été transformés en musée, ouvert au public. On y trouve encore de nombreux objets personnels du couple, notamment leur collection de disques de jazz, leur tourne-disque ou encore la collection de livres de Jackson Pollock.
Avec son vaste porche filant et sa chambre d’un calme surprenant, la maison conserve le charme rustique d’une ferme traditionnelle américaine.
Derrière, une ancienne grange à bétail devient le premier projet de rénovation du couple. Transformé en atelier, ce lieu jouera un rôle clé dans la carrière de Pollock. C’est en effet là que Pollock développera sa célèbre technique du dripping, qui deviendra sa signature dans les années suivantes.
Dans l’atelier, le temps semble s’être figé. Partout, des traces du travail des artistes subsistent : des tubes de peinture abandonnés, des fragments de verre coloré, et même une paire de chaussures de travail de Lee Krasner, éclaboussées de pigments séchés.
Le sol est une œuvre en soi, marqué par les taches laissées par leurs créations les plus iconiques. Les visiteurs sont d’ailleurs invités à retirer leurs chaussures avant d’entrer dans l’atelier pour préserver ce témoignage unique.
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